La première partie du livre nous propose deux conceptions de la communication :
« La communication télégraphique et la conception orchestrale". Selon WINKIN, la conception télégraphique entretient la confusion entre information et
communication en se basant sur le modèle de la flèche qui va d’une personne à une autre,
donc de la transmission. Il cite de nombreux auteurs et théories, tels que:
- La théorie mathématique du télégraphe présentée par SHANNON en 1949, reprise et
développée par WEAVER, qui confond information et communication
- LASWELL, qui s’intéresse à la communication comme moyen pour produire un effet
« Qui, dit quoi, par quel canal, à qui, avec quel effet ? »
- LARZARSFELD (1955) qui étudie l’influence des leaders et les flots d’opinions qui
circulent (mode, cinéma, etc.).
Concernant la conception orchestrale, cette dernière perçoit la communication comme
pouvant être comparée à un « orchestre sans chef ni partition ». Deux grandes
figures représentent cette conception : G. BATESON (Ecole de Palo Alto) et R.
BIRDWHISTELL. Ils considèrent que tout comportement est communication (comportement
vestimentaire, démarche, etc.).
L’ouvrage synthétise au total sept dimensions de la
communication orchestrale. Il en résulte que la communication est une activité sociale
permanente à laquelle les individus participent selon de multiples modes verbaux et non
verbaux. La communication est une construction du sens intégrée dans la dynamique sociale.
Le chercheur fait alors, logiquement, partie du système qu’il étudie. WINKIN reconnaît
privilégier cette approche sociale de la communication.
Dans la deuxième partie intitulée "Emergence d'une Anthropolgie de la communication", WINKIN se base sur les travaux de l’anthropologue et linguiste
Dell HYMES, à qui l’on doit l’expression « anthropologue de la communication ». Ce
dernier s’attache à montrer que l’étude de la communication doit être fondée sur une
démarche ethnographique. Pour lui, toute intention attribuée au sein d’une communauté est un
acte de communication. Il faut donc observer la communication sur le terrain (« savoir voir »),
participer à la vie du groupe étudié (« savoir être avec ») et retranscrire la réalité observée
(« savoir écrire »).
Dans la troisième partie," La démarche ethnographique", WINKIN invite tous les chercheurs à procéder à cette immersion dans le terrain. Il reconnaît
cependant que l’observation participante peut conduire à une perception faussée de la
situation observée, mais elle demeure nécessaire pour toute étude. Elle peut se faire sur des
terrains plus ou moins grands, (ex : café, théâtre, stade de foot..). La capacité d’observation
doit devenir naturelle, c’est un métier. De plus, selon WINKIN, « apprendre à voir c’est
d’abord apprendre à penser ». Cette démarche d’observation permettra des structures de
comportement assez générales (comme l’étude des silhouettes).
A travers la quatrième partie," Sur le terrain", WINKIN nous explique que s’il n’y pas de passage par le terrain, il n’y a pas d’anthropologie. Ce passage est
obligatoire car il va permettre d’objectiver l’étude de la communication. WINKIN propose de
faire de toute expérience de vie un terrain d’observation de la communication, comme par
exemple un repas dans une cafétéria avec des inconnus. Le travail du chercheur est un
constant va et vient entre le terrain et la théorie. La prévisibilité sociale permet de tirer des
enseignements de l’observation des situations, et donc de faire un véritable travail d’analyse
du terrain.
La cinquième partie," Étudier le ronronnement de la société" est consacrée à la « construction d’une notion théorique qui repose sur un ensemble d’opérations
complexes ». Une des étapes essentielles est de tester la notion sur le terrain, de vérifier si
« elle sert vraiment à quelque chose ». L’anthropologie de la communication c’est savoir
« renouveler son regard, créer la différence, rompre avec l’évidence ». Selon lui, et il conclut son ouvrage sur cette idée, l’anthropologue de la communication tente au quotidien de
répondre à la question suivante : « Comment l’ordre social s’engendre t’il au quotidien, dans
l’accomplissement de règles connues de personnes, entendus par tous ?
».
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