Les concepts fondamentaux des sciences sociales et la communication
Les premiers sociologues ont posé les fondements de l'étude de la communication interpersonnelle et de la communication de masse en même temps que les fondements d'une analyse des relations entre les individus. Karl Marx a ainsi détaché les hommes du règne naturel en utilisant le concept de rapports sociaux, chargé de souligner la dépendance réciproque tant dans le domaine du rapport à la nature que dans celui des idées. Avec le concept d'idéologie et de classes sociales, Marx apporte le conflit dans l'étude des sociétés. Les pensées, les représentations et les images que nous utilisons expriment autant qu'elles imposent des points de vue structurés sur le monde qui sont généralement partagés par les individus qui composent les groupes sociaux cohérents (E. Maigret).
Emile Durkheim parla lui de réalité sui generis des faits sociaux, abordés comme des choses. Il met plutôt l'accent sur le consensus, l'intégration sociale primordiale selon lui pour éviter le désordre moral. Le langage est par exemple transmis dès la naissance et non choisi librement, faisant l'objet d'un consensus logique inculqué par contrainte sociale, comme nos façons d'être, de penser ou d'agir.
Max Weber évoque les formes de l'action sociale, irréductibles à autre chose qu'elles-mêmes car elles sont dépendantes du sens qu'en donnent les individus. Il dissocie le caractère intentionnel des actions sociales en quatre modèles, action rationnelle en finalité (on accorde des moyens à des fins), action rationnelle en valeur (elle est enracinée dans des croyances), action rationnelle affective ( les sentiments sont moteurs), action rationnelle en tradition (l'habitude domine). Toute action fait sens pour l'individu et doit donc ainsi faire sens au sociologue qui cherche à la comprendre.
Gabriel Tarde est en opposition avec la sociologie positive de Durkheim, lui reprochant de considérer les phénomènes sociaux détachés des sujets conscients qui se les représentent. Il veut rendre compte de la nature subjective des interactions sociales. Pour Tarde la société est entrée dans l'ère des publics qu'il oppose à l'ère des foules.
Les pères fondateurs européens et les médias
Durkheim réfute l'influence directe des journaux sur les consciences individuelles dans Le Suicide. Il démontre à l'aide d'éléments statistiques qu'il n'existe pas de propagation des suicides liée à la couverture médiatique. Pour Tocqueville (De la démocratie en Amérique 1835-1840), la presse a un immense pouvoir en démocratie mais pas celui de manipuler les consciences. Elle remplit 3 fonctions, à savoir:
-garantir la liberté en mettant à nu les ressorts de la politique
-maintenir la communauté en fournissant des valeurs communes
-rendre possible et rapide une action concertée.
Gabriel Tarde a proposé un modèle de communication qui rejetait l'idée d'influence directe et autoritaire de la presse au profit de l'idée de public actif. Les journaux proposent des sortes de menus fournissant des perspectives multiples tant en économie, en politique, etc. venant ainsi animer les conversation. "Il suffit d'une plume pour mettre en mouvement des millions de langues". Pour Tarde c'est la conversation qui est à l'origine des opinions individuelles qui se regroupent en opinions sociales.
Marx et Engels ont étudié le roman populaire "socialiste" en se posant la question de son impact bénéfique sur les sentiments révolutionnaires.
Mais les intuitions de ces pères fondateurs n'ont pas eu d'écho immédiat peut être à cause du sous développement relatif des grands médias en Europe et des deux guerres mondiales.
Le pragmatisme américain
Dès les années 1910, la communication a, aux États Unis, partie liée avec le projet de construction d'une science sociale qui repose sur des bases empiriques. L'école de Chicago en est le foyer. Le pragmatisme, courant philosophique dominant, se veut porteur de progrès à la différence de l'idée révolutionnaire de Marx ou du réalisme de Weber ou du républicanisme de Durkheim. Ses fondateurs sont William James, Charles S Peirce, George H Mead, John Dewey. Ils rejettent l'idée d'une connaissance absolue, liée à des vérités éternelles. Ils affirment que les hommes sont véritablement producteurs du sens qui les fait vivre, ce qui implique qu'ils ne font pas que se conformer aux conditions de vie préexistantes et les subir, mais qu'ils sont capables de changement, d'expérience ou de possibilités d'action (Dewey). L'homme se révèle être un animal socialisé, utilisant un outil collectif, le langage, pour se connaître.
Mead affirmera que si la communication entre les hommes était parfaite, la démocratie le serait également. Charles Horton Cowley, sociologue de l'école de Chicago proche du pragmatisme est l'un des premiers à définir la communication comme incluant le langage et les interactions individuelles. Il entrevoit dans la révolution technique des communications le moyen de fonder une véritable communauté secondaire.
L'optimisme du pragmatisme a souvent été critiqué, car véhiculant un darwinisme social et prêtant une faible attention aux questions liées à l'inégalité sociale. Son influence a été déterminante sur la sociologie urbaine de l'école de Chicago, qui sous la houlette de Robert E Park, est la première à avoir jeté les bases d'une étude ethnographique de la presse.
L'école de Chicago
Robert E Park ( 1864-1944) était un reporter rompu aux enquêtes journalistiques, militant de la cause noire. Il va concevoir comme une forme supérieure de reportage les enquêtes sociologiques qu'il va réaliser dans les banlieues. La ville sera le terrain d'observation privilégié par l'école de Chicago, véritable laboratoire social avec ses signes de désorganisation, de marginalité , d'acculturation, d'assimilation. Entre 1915 et 1935, ces chercheurs s'intéresseront principalement à la question de l'immigration et à l'intégration des immigrants à la société américaine. Park va s'interroger sur la fonction assimilatrice des journaux. Il va livrer une véritable sociologie de la presse, à travers l'étude de la division du travail au sein des journaux. S'appuyant sur la grande enquête de Thomas et Znaniecki sur les immigrés polonais il se penche sur la formation effective des publics dans le but de comprendre ce que font les gens de l'information. Les immigrés lisent les publications en anglais , même s'ils ne les comprennent pas parfaitement, dans le but de s'ouvrir à la société américaine. La communication de masse sert bien les fonctions d'intégration vantées par Dewey.
Par ailleurs, la référence à Simmel et à la métaphore biologiste sont à l'origine de la théorie d'"écologie humaine" élaborée avec E. W. Burgess.
On parle ensuite d'une deuxième école voire d'une troisième école de Chicago dont l'un des principaux représentants est, avec Howard Becker, Erving Goffman.
Goffman a été l'élève de Birdwhistell puis de Herbert Blumer et Everett Hughes. Il a publié Asiles livre basé sur son séjour dans une clinique psychiatrique où il étudia la vie des reclus. Il se centre sur l'interaction plutôt que sur l'individu et développe la métaphore théâtrale dans La présentation de soi considérant les personnes en interaction comme des acteurs qui mènent une représentation. Il a toujours privilégié l'observation participative aux méthodes quantitatives. Pour lui, l'interaction sociale est guidée par le souci de ne pas perdre la face.
mardi 23 février 2010
mardi 2 février 2010
Les théories de l'interaction communicationnelle
La référence cybernétique
Nous avons vu précédemment comment le modèle linéaire de Claude Shannon pouvait intéresser les professionnels de la prise de parole en public. Cependant, les messages que nous échangeons se réduisent rarement au seul langage, et ils servent à bien d'autres choses qu'à nous informer mutuellement.
La distinction entre relation et contenu montrera que la communication ne se limite pas à l'information, celle-ci n'en constituant qu'une partie. Pour déchiffrer un message ou comprendre un comportement cela présuppose qu'on sache dans quel cadre entre celui-ci, dans quel type de relation il s'inscrit. Une femme qui se déshabille devant un homme n'a pas le même sens si cet homme est son médecin ou son amant. Pour comprendre une plaisanterie, cela induit le recadrage de messages ordinaires. Communiquer suppose une métacommunication, qui indique dans quelle case, à quel niveau ou adresse ranger le message qu'il soit visuel, verbal ou comportemental. Cette spécification du cadrage est souvent implicite mais à l'écrit devient explicite (exemple: lol , dans les chats pour indiquer une blague ou mdr, mort de rire, etc.).
Quand Gregory Bateson déclare que "communiquer c'est entrer dans l'orchestre" il indique que vous ne communiquerez pas si vous dissonez ou si votre musique s'harmonise mal avec les partitions des autres et les codes en vigueur. Entrer dans l'orchestre c'est donc jouer le jeu d'un certain code, s'inscrire dans une relation compatible avec les canaux, les médias, le réseau disponible. Or ce réseau nous précède.
Ce que suggère Bateson c'est" qu'avant d'envoyer un message, on doit commencer par se demander auprès de qui et sur quel instrument on doit le jouer".
Bateson caractérise la communication à l'aide de 5 principes:
La communication est un phénomène social
La participation à la communication s'opère selon certains modes , verbaux et non verbaux
L'intentionnalité ne détermine pas la communication
La communication sociale se laisse appréhender par l'image de l'orchestre
L'observateur fait nécessairement partie de l'orchestre
Le modèle de l'orchestre a été repris par Yves Winkin dans son ouvrage "La nouvelle communication".
On voit qu'avec ce schéma la communication est définie comme la production collective d'un groupe qui travaille sous la conduite d'un leader. Les questions à se poser seront : quelle est la conduite des acteurs?Quel est le code régulateur? Quelle est la prestation de chacun? Le schéma de linéaire devient circulaire.
On voit ici l'influence de Wiener, pour qui l'information doit pouvoir circuler. Il entrevoyait l'organisation de la société future sur la base de cette nouvelle matière première que sera l'information.
L'école de Palo Alto
Avec les membres de l'école de Palo Alto, la cybernétique débouche sur l'anthropologie pour se dissoudre dans les sciences humaines. Ce cercle intellectuel qui doit son nom à une petite ville californienne se compose de sociologues, psychiatres, linguistes ou mathématiciens liés par des réseaux informels. Ainsi " la communication va acquérir une valeur englobante: elle est la matrice dans laquelle sont enchâssées toutes les activités humaines". Mais le rejet de la linéarité et du système pour le système prôné par Bateson induit un déplacement décisif, à savoir, la découverte des éléments qui composent le tout et le produisent. Pour lui, les systèmes sont immanents aux actions, ils prennent forme dans les interactions que l'on observe et ne se situent pas en amont de ces dernières comme des sources cachées. Bateson, véritable chercheur pluridisciplinaire, s'associe à Birdwhistell, Hall, Goffman, Watzlawick. Dès lors, dans cette vision circulaire de la communication, le récepteur a un rôle aussi important que l'émetteur. Ils emprunteront des concepts et des modèles à la démarche systémique mais également à la linguistique et à la logique. Ces chercheurs tenteront de rendre compte d'une situation globale d'interaction et non pas seulement d'étudier quelques variables prises isolément.
Ils se fonderont sur trois hypothèses.
L'essence de la communication réside dans des processus relationnels et interactionnels (les éléments comptent moins que les rapports qui s'instaurent entre les éléments)
Tout comportement humain a une valeur communicative (les relations qui se répondent et s'impliquent mutuellement peuvent être envisagées comme un vaste système de communication)
Les troubles psychiques renvoient à des perturbations de la communication entre l'individu porteur du symptôme et son entourage
L'idée de communication comme processus social permanent intégrant de multiples modes de comportement comme la parole, le geste, le regard, l'espace interindividuel s'oppose à la notion de communication isolée comme acte verbal conscient et volontaire qui est sous-entendue dans la sociologie fonctionnaliste.
Ces chercheurs se sont référés pour la plupart au courant structuraliste car pour eux parler de systèmes était en résonnance avec structures. La référence la plus constante allant vers Claude Lévi-Strauss.
Ce "collège" ne fut pas une école au sens rigoureux, européen, du terme avec des fondateurs et des disciples. Il fut un milieu fécond d'échanges, de confrontations, de filiations.
L'école de Palo Alto n'a pas réussi à prouver que tout était communication au sens où l'entendait la cybernétique et la linguistique, elle ne s'est pas par ailleurs intéressé à la communication de masse mais elle a montré en revanche que des pans entiers du comportement humain, notamment les techniques corporelles, devaient être intégrées dans les sciences sociales. La communication est donc faite de culture, de gestes, de silences, d'intonations et de règles d'interaction, ce que ne prennent pas en compte bon nombre de théories( de Shannon à Lazersfeld par exemple).
Nous avons vu précédemment comment le modèle linéaire de Claude Shannon pouvait intéresser les professionnels de la prise de parole en public. Cependant, les messages que nous échangeons se réduisent rarement au seul langage, et ils servent à bien d'autres choses qu'à nous informer mutuellement.
La distinction entre relation et contenu montrera que la communication ne se limite pas à l'information, celle-ci n'en constituant qu'une partie. Pour déchiffrer un message ou comprendre un comportement cela présuppose qu'on sache dans quel cadre entre celui-ci, dans quel type de relation il s'inscrit. Une femme qui se déshabille devant un homme n'a pas le même sens si cet homme est son médecin ou son amant. Pour comprendre une plaisanterie, cela induit le recadrage de messages ordinaires. Communiquer suppose une métacommunication, qui indique dans quelle case, à quel niveau ou adresse ranger le message qu'il soit visuel, verbal ou comportemental. Cette spécification du cadrage est souvent implicite mais à l'écrit devient explicite (exemple: lol , dans les chats pour indiquer une blague ou mdr, mort de rire, etc.).
Quand Gregory Bateson déclare que "communiquer c'est entrer dans l'orchestre" il indique que vous ne communiquerez pas si vous dissonez ou si votre musique s'harmonise mal avec les partitions des autres et les codes en vigueur. Entrer dans l'orchestre c'est donc jouer le jeu d'un certain code, s'inscrire dans une relation compatible avec les canaux, les médias, le réseau disponible. Or ce réseau nous précède.
Ce que suggère Bateson c'est" qu'avant d'envoyer un message, on doit commencer par se demander auprès de qui et sur quel instrument on doit le jouer".
Bateson caractérise la communication à l'aide de 5 principes:
La communication est un phénomène social
La participation à la communication s'opère selon certains modes , verbaux et non verbaux
L'intentionnalité ne détermine pas la communication
La communication sociale se laisse appréhender par l'image de l'orchestre
L'observateur fait nécessairement partie de l'orchestre
Le modèle de l'orchestre a été repris par Yves Winkin dans son ouvrage "La nouvelle communication".
On voit qu'avec ce schéma la communication est définie comme la production collective d'un groupe qui travaille sous la conduite d'un leader. Les questions à se poser seront : quelle est la conduite des acteurs?Quel est le code régulateur? Quelle est la prestation de chacun? Le schéma de linéaire devient circulaire.
On voit ici l'influence de Wiener, pour qui l'information doit pouvoir circuler. Il entrevoyait l'organisation de la société future sur la base de cette nouvelle matière première que sera l'information.
L'école de Palo Alto
Avec les membres de l'école de Palo Alto, la cybernétique débouche sur l'anthropologie pour se dissoudre dans les sciences humaines. Ce cercle intellectuel qui doit son nom à une petite ville californienne se compose de sociologues, psychiatres, linguistes ou mathématiciens liés par des réseaux informels. Ainsi " la communication va acquérir une valeur englobante: elle est la matrice dans laquelle sont enchâssées toutes les activités humaines". Mais le rejet de la linéarité et du système pour le système prôné par Bateson induit un déplacement décisif, à savoir, la découverte des éléments qui composent le tout et le produisent. Pour lui, les systèmes sont immanents aux actions, ils prennent forme dans les interactions que l'on observe et ne se situent pas en amont de ces dernières comme des sources cachées. Bateson, véritable chercheur pluridisciplinaire, s'associe à Birdwhistell, Hall, Goffman, Watzlawick. Dès lors, dans cette vision circulaire de la communication, le récepteur a un rôle aussi important que l'émetteur. Ils emprunteront des concepts et des modèles à la démarche systémique mais également à la linguistique et à la logique. Ces chercheurs tenteront de rendre compte d'une situation globale d'interaction et non pas seulement d'étudier quelques variables prises isolément.
Ils se fonderont sur trois hypothèses.
L'essence de la communication réside dans des processus relationnels et interactionnels (les éléments comptent moins que les rapports qui s'instaurent entre les éléments)
Tout comportement humain a une valeur communicative (les relations qui se répondent et s'impliquent mutuellement peuvent être envisagées comme un vaste système de communication)
Les troubles psychiques renvoient à des perturbations de la communication entre l'individu porteur du symptôme et son entourage
L'idée de communication comme processus social permanent intégrant de multiples modes de comportement comme la parole, le geste, le regard, l'espace interindividuel s'oppose à la notion de communication isolée comme acte verbal conscient et volontaire qui est sous-entendue dans la sociologie fonctionnaliste.
Ces chercheurs se sont référés pour la plupart au courant structuraliste car pour eux parler de systèmes était en résonnance avec structures. La référence la plus constante allant vers Claude Lévi-Strauss.
Ce "collège" ne fut pas une école au sens rigoureux, européen, du terme avec des fondateurs et des disciples. Il fut un milieu fécond d'échanges, de confrontations, de filiations.
L'école de Palo Alto n'a pas réussi à prouver que tout était communication au sens où l'entendait la cybernétique et la linguistique, elle ne s'est pas par ailleurs intéressé à la communication de masse mais elle a montré en revanche que des pans entiers du comportement humain, notamment les techniques corporelles, devaient être intégrées dans les sciences sociales. La communication est donc faite de culture, de gestes, de silences, d'intonations et de règles d'interaction, ce que ne prennent pas en compte bon nombre de théories( de Shannon à Lazersfeld par exemple).
TD : Télévision et culture s'opposent-elles ?
Quelques idées pour orienter votre pensée
On est tenté d'emblée d'opposer télévision et culture. Pourquoi? De quelle culture parle-t-on? La télévision est-elle un objet de culture voire une médiaculture?
La télévision renvoie à l'idée de communication de masse et est donc souvent jugée contradictoire avec celle de culture qui est associée à l'œuvre artistique qui renvoie à l'élite. La télévision est un flot d'images indifférenciées, de nature industrielle et confine le téléspectateur à la routine et à la passivité, au plaisir immédiat. A contrario, la pratique artistique ou la consommation culturelle est active et déstabilisatrice. Pour dépasser cette vision de la culture faisons appel à Adorno et à sa vision de la culture populaire qu'il segmente en culture populaire ancienne et moderne. S'appuyant sur cette définition et sur les effets possibles de la télévision, ne pourrait-on pas envisager une autre télévision? Il existe des expériences de démocratisation culturelle à la télévision comme certaines émissions ou la chaîne Arte. Mais ce manichéisme est-il de mise?
De quoi parle-t-on quand on parle de culture?
Il existerait une "culture savante" ou "cultureuse", issue du XVIIIème siècle et propagée au XIXème siècle par les romantiques. "L'art pour l'art" fait son apparition à cette époque et va enraciner socialement une définition de culture "cultivée". L'école relayera cette dernière et l'amplifiera ce que Eric Maigret traduit par une définition scolaire de la culture. L'écrit y est survalorisé et l'éthique du plaisir exclut le plaisir car on y recherche essentiellement un plaisir cognitif, le rapport à l'oeuvre conservant une visée formaliste au détriment de l'agrément suscité.
On peut citer bien sûr Bourdieu et l'idée de "culture légitime" avec une corrélation entre la hiérarchie sociale et une hiérarchisation culturelle.
La culture a-t-elle un caractère composite?
On a tendance à considérer certaines formes de culture comme supérieures, le livre et les monuments en sont les exemples les plus évidents. La référence à la culture occidentale est aussi abusive. Mais la culture est-elle monolithique? De multiples études sur la production et la perception de l'art à diverses périodes sont là pour nous le rappeler.
La télévision peut-elle être envisagée comme médiaculture?
Média "bardique "selon Fiske, la télévision peut -elle devenir un des piliers de la culture et non plus une annexe. Pour Dominique Mehl, ce média est en grande partie relationnel et serait une nouvelle forme de culture participative dont les publics s'emparent pour animer les contenus, leur donner vie dans l'échange verbal et l'imaginaire d'une relation de "co-construction du sens qui peut passer aussi bien par les fictions, les jeux que par les talk-shows" (Eric Maigret).
Elle pourrait servir de porte d'accès à toutes les formes de communication sous la forme d'un "média à tout faire" remplaçant l'ensemble des autres formes culturelles pour les publics éloignés des biens et services culturels.
Pour Eco et Thorburn, ce média mêle au sein des mêmes oeuvres des techniques artisanales, culture orale, structures mythiques, innovations formelles, ironie et intertextualité, c'est-à-dire la plupart des modes de faire du sens et de la culture. Ainsi cette télévision serait le prototype même d'une "médiaculture", nouvelle forme de médiation politique et esthétique qui ne reposerait pas principalement sur une culture de la hiérarchie ni sur la séparation de la culture et de la communication(Maigret).
Il conviendrait alors de prendre en compte l'existence de cette culture télévisuelle, notamment l'école qui cherche une voie entre ouverture aux formes contemporaines de culture et enseignement des compétences traditionnelles.
On est tenté d'emblée d'opposer télévision et culture. Pourquoi? De quelle culture parle-t-on? La télévision est-elle un objet de culture voire une médiaculture?
La télévision renvoie à l'idée de communication de masse et est donc souvent jugée contradictoire avec celle de culture qui est associée à l'œuvre artistique qui renvoie à l'élite. La télévision est un flot d'images indifférenciées, de nature industrielle et confine le téléspectateur à la routine et à la passivité, au plaisir immédiat. A contrario, la pratique artistique ou la consommation culturelle est active et déstabilisatrice. Pour dépasser cette vision de la culture faisons appel à Adorno et à sa vision de la culture populaire qu'il segmente en culture populaire ancienne et moderne. S'appuyant sur cette définition et sur les effets possibles de la télévision, ne pourrait-on pas envisager une autre télévision? Il existe des expériences de démocratisation culturelle à la télévision comme certaines émissions ou la chaîne Arte. Mais ce manichéisme est-il de mise?
De quoi parle-t-on quand on parle de culture?
Il existerait une "culture savante" ou "cultureuse", issue du XVIIIème siècle et propagée au XIXème siècle par les romantiques. "L'art pour l'art" fait son apparition à cette époque et va enraciner socialement une définition de culture "cultivée". L'école relayera cette dernière et l'amplifiera ce que Eric Maigret traduit par une définition scolaire de la culture. L'écrit y est survalorisé et l'éthique du plaisir exclut le plaisir car on y recherche essentiellement un plaisir cognitif, le rapport à l'oeuvre conservant une visée formaliste au détriment de l'agrément suscité.
On peut citer bien sûr Bourdieu et l'idée de "culture légitime" avec une corrélation entre la hiérarchie sociale et une hiérarchisation culturelle.
La culture a-t-elle un caractère composite?
On a tendance à considérer certaines formes de culture comme supérieures, le livre et les monuments en sont les exemples les plus évidents. La référence à la culture occidentale est aussi abusive. Mais la culture est-elle monolithique? De multiples études sur la production et la perception de l'art à diverses périodes sont là pour nous le rappeler.
La télévision peut-elle être envisagée comme médiaculture?
Média "bardique "selon Fiske, la télévision peut -elle devenir un des piliers de la culture et non plus une annexe. Pour Dominique Mehl, ce média est en grande partie relationnel et serait une nouvelle forme de culture participative dont les publics s'emparent pour animer les contenus, leur donner vie dans l'échange verbal et l'imaginaire d'une relation de "co-construction du sens qui peut passer aussi bien par les fictions, les jeux que par les talk-shows" (Eric Maigret).
Elle pourrait servir de porte d'accès à toutes les formes de communication sous la forme d'un "média à tout faire" remplaçant l'ensemble des autres formes culturelles pour les publics éloignés des biens et services culturels.
Pour Eco et Thorburn, ce média mêle au sein des mêmes oeuvres des techniques artisanales, culture orale, structures mythiques, innovations formelles, ironie et intertextualité, c'est-à-dire la plupart des modes de faire du sens et de la culture. Ainsi cette télévision serait le prototype même d'une "médiaculture", nouvelle forme de médiation politique et esthétique qui ne reposerait pas principalement sur une culture de la hiérarchie ni sur la séparation de la culture et de la communication(Maigret).
Il conviendrait alors de prendre en compte l'existence de cette culture télévisuelle, notamment l'école qui cherche une voie entre ouverture aux formes contemporaines de culture et enseignement des compétences traditionnelles.
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