mardi 13 octobre 2009

TD n° 2 14-15/10 La personnalisation de la vie politique: une corruption de la démocratie?




Objectifs:

Montrer
aux étudiants, à travers un exemple, un fait de société, ce qu'est une problématique communicationnelle et leur donner des éléments de réponse pour pouvoir traiter une question d'examen.

Point de départ:

Les débats qui secouent le PS et l'UMP au sujet de l'affaire Mitterrand, accusé par Marine Le Pen de faire l'apologie du tourisme sexuel à travers son livre, La mauvaise vie. Les médias relayant (amplifiant) la querelle.


Éléments de réponse:

S'attarder sur le mot personnalisation, sur l'opposition entre ce mot qui renvoie à la personne, l'individu, le privé alors que le collectif est sous entendu par le mot politique.
Les médias de divertissement et de débat à travers les reality shows, ou émissions du genre Vie privée, vie publique,de Mireille Dumas ou Striptease, ont depuis un certain temps brouillé les frontières entre l'espace public et la vie privée. La communication politique semble à son tour atteinte par ce phénomène. On assiste de plus en plus à une mise en scène de l'acteur politique, de son discours, pouvant aller jusqu'à la confession.
En France le phénomène est relativement récent et pas encore perçu favorablement car il existe une forte tradition républicaine qui valorise la représentation et les processus institutionnels. Cette tradition vise l'impersonnalisation du pouvoir. Les présidents de Gaulle, Pompidou, Mitterrand en sont l'illustration. Les premiers écarts, timides, sont le fait de Valéry Giscard d'Estaing que l'on voit jouer au football ou de l'accordéon, s'invitant chez les Français. Toute mise en avant de la personne dans l'action politique est vue comme une dégradation, voire une corruption de l'espace public au sens habermassien. Ceux qui s'y livrent sont taxés de populisme, de démagogie. L'Etat doit être servi par des serviteurs anonymes.


La notion d'espace public est dûe à Habermas (Kant fut le premier en philosophie a utilisé ce terme).
Jürgen Habermas (1929) est un philosophe et sociologue allemand, qui s’est fait connaître surtout par ses travaux en philosophie sociale. Penseur difficilement classable, il combina le matérialisme historique de Marx avec le pragmatisme américain, la théorie du développement de Piaget et la psychanalyse de Freud.

Espace public: Dans sa thèse, Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Habermas décrit le "processus au cours duquel le public constitué d'individus faisant usage de leur raison s'approprie la sphère publique contrôlée par l'autorité et la transforme en une sphère où la critique s'exerce contre le pouvoir de l'Etat." Il montre comment, au XVIIIème siècle en Angleterre, les réunions de salon et les cafés ont contribué à la multiplication des discussions et des débats politiques, lesquels jouissent d'une publicité par l'intermédiaire des médias de l'époque.
Aujourd'hui cette notion d'espace public fait débat au sein des sciences de la communication notamment sur la question de la raison (modes de rationalité des individus qui sont guidés par des motifs logiques ou par des intérêts et des passions d'où découlerait une stratégie). L'autre débat concerne la définition du politique: espace institutionnel dit politique ou celui plus large des relations de pouvoir et d'identité entre individus et groupes sociaux.


Si l'on cherche des synonymes possibles de personnalisation, on trouvera individualisation, personnification, poepolisation. Les hommes politiques peuvent rechercher sciemment l'exposition médiatique ou en être victimes. Ainsi on peut dire de Bernard Tapie qu'il est né dans les médias qui l'ont ensuite condamné. La France ne ferait que suivre ce qu'il se passe ailleurs.

La présidentialisation du régime effectuée par de Gaulle a certainement accru la perception d'un pouvoir personnel. Mais la recherche d'un lien direct avec le peuple par l'intermédiaire des médias n'impliquait pas l'exhibition de l'intime comme nous l'a fourni la dernière campagne présidentielle française. Une étape a été franchie par le candidat-président Sarkosy avec les révélations de son divorce, de son remariage, de l'exposition de son corps à la plage.
La politique est un jeu à trois acteurs, les hommes politiques, les médias et l'opinion publique. Or, la culture de l'individu, mêlée au marketing politique incitent à vendre l'homme politique comme un produit, conduisant à une recherche effrénée de la notoriété et au dévoilement du privé.


La personnalisation a pu ainsi au fil de l'histoire:
-apparaître comme un principe de représentation (tel le César à Rome, le Roi, PS= Mitterrand)
-relever du charisme (Kennedy, Obama)
-s'identifier au look et à la notoriété (Tapie)
-manifester la confusion public-privé
-mais aussi répondre à une transformation profonde de la relation gouvernants-gouvernés
en effet, face au déclin des grandes idéologies et à la montée des exigences des individus à l'égard des institutions, les politiques se doivent de proposer un visage plus humain et déployer des signes de proximité avec les électeurs. La question étant de savoir jusqu'à quelles limites.

Pour informations:
Les tyrannies de l'intimité de RICHARD SENNETT

Valéry Giscard d’Estaing, l’accordéon et le football… Un chic type proche du peuple http://compubmarket.wordpress.com/2009/08/28/valerie-giscard-destaing-laccordeon-et-le-football-un-chic-type-proche-du-peuple/ où l'on voit le futur président jouer au football et de l'accordéon

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