mardi 20 octobre 2009

CM n° 5 Les approches scientifiques classiques des phénomènes de communication



Approches d'origine psychologique, psychosociologique

Paradigme structuro-expressif

L'objet final des études faites dans ce paradigme est l'organisation de la "personnalité" (en tant qu'organisation interne du psychisme) de celui qui s'exprime.
Le paradigme repose sur l'idée que tous les phénomènes de surface trouvent leur organisation profonde dans une "structure" sous-jacente que l'on peut faire apparaître. Ces phénomènes de surface sont les conduites, les attitudes et les expressions verbales des sujets. Les structures sous-jacentes étant leur psychisme.
Les communications qui sont faites par un sujet portent la marque de ses désirs, de ses motivations qui composent l'organisation interne. Les analyses et les études faites sous la lumière de ce paradigme sont des entreprises de "dévoilement" des ressorts intimes du comportement du sujet.
On retrouve principalement le modèle psychanalytique, des modèles motivationnels et des modèles attitudinaux.
Dans la théorie freudienne, la structure sous-jacente existe, elle est l'appareil psychique qui a une réalité biologique en tant que réservoir de pulsions.
Dans les théories motivationnelles, les motivations sont aussi des réalités inscrites quelque part dans le psychisme. Dans les modèles attitudinaux et logico-structural, tout se passe comme si le système logique guidant les conduites et les expressions existait.

Les niveaux de conscience selon Freud

L'inconscient:
Il représente le premier étage de la pyramide. C'est le siège de toutes nos pensées, nos motifs instinctifs et primitifs, nos souvenirs empreints d'angoisse et de souffrance auxquels nous ne pouvons avoir accès consciemment. En d'autres termes, cela est gardé dans notre esprit, mais c'est comme si on l'avait oublié. C'est le rôle du psychanalyste à aider son client à faire émerger ses contenus inconscients à sa conscience.
Le préconscient:
C'est le deuxième étage de la pyramide. Il est le siège de nos activités mentales qui ne font pas partie de nos pensées quotidiennes, mais dont on a accès en cas de besoin. Exemple: la première fois où l'on a été à l'école.
Le conscient:
C'est le troisième et dernier étage de la pyramide. C'est le siège de toutes nos pensées, sentiments et actions dont nous prenons instantanément conscience. Exemple: Je pense à faire du sport.

La structure de la personnalité
Freud a élaboré trois structures mentales. Ces structures se trouvent en partie ou en tout dans l'inconscient.

Le ça

La première structure, le ÇA se trouve complètement dans l'inconscient. C'est la partie de notre psyché qui se manifeste par nos pulsions instinctives (manger, dormir, agressivité, etc.). Le ça est plutôt immature, impulsif et irrationnel. Il est à la recherche immédiate du plaisir et de la gratification de ses besoins. Il est donc régi par ce que Freud appelle le PRINCIPE DU PLAISIR.

Le moi

La deuxième structure, le MOI, se trouve principalement dans le préconscient, mais une partie se trouve aussi dans l'inconscient et le conscient. Le moi correspond à la vision subjective et consciente que l'on a de nous. Le moi fait l'équilibre entre les demandes immédiates du ça (ex. avoir du plaisir) et la réalité de l'environnement extérieur (ex. travailler à une tâche difficile). Le moi planifie, résout et raisonne le ça. Il est donc régi par ce que Freud appelle LE PRINCIPE DE LA RÉALITÉ.


Le surmoi

La troisième structure, le SURMOI, est moins consciente que le moi. Elle joue le rôle de ''conscience morale'' en ce sens que c'est ce que nous intégrons comme étant une liste de choses inacceptables socialement (ex. ne pas parler en même temps que quelqu'un). Elle joue aussi le rôle ''d'idéal du moi'', c'est-à-dire lorsque nous nous imposons des choses à faire ou à être pour répondre à nos idéaux. Le surmoi est donc régi par le PRINCIPE DE LA MORALITÉ.

Le surmoi est aussi dirigé par le Moi car le surmoi vise souvent la perfection dans ses idéaux et est parfois irréaliste. Le moi fait donc l'équilibre entre les idéaux et la réalité extérieure.

Les mécanismes de défense
Lorsque le moi ne réussit pas à satisfaire les besoins du ÇA et du SURMOI, celui-ci devient anxieux. Étant donné que l'anxiété n'est pas agréable, le moi réagit inconsciemment en évitant de vivre cette anxiété et de résoudre les conflits qui lui sont sous-jacents.. On parle alors de ces réactions insconscientes comme étant des ''mécanismes de défense''. Un des plus importants mécanismes est le REFOULEMENT, c'est-à-dire lorsque le moi empêche les pensées anxieuses d'accéder au conscient. C'est une des premières formes de réduction de l'angoisse bien qu'il en existe d'autres ( le déplacement, la négation, la rationalisation, la sublimation, etc.)

Le modèle canonique de l'expressivité humaine

Les 4 niveaux
On trouve un premier niveau de profondeur, le plus profond, (souvent inconscient) où se trouvent les désirs, motivations, valeurs fondamentales rassemblés en un système plus ou moins cohérent. C'est ce qui forme la logique profonde de l'individu, qui va servir de soubassement à la grille de perception de l'individu et "prédispositions envers les choses du monde".
Puis un second niveau, siège des attitudes, un troisième niveau, où l'on retrouve les conduites et au dessus le quatrième niveau où sont localisées les opinions.
Chaque niveau d'expressivité fonde le suivant. A l'inverse chaque niveau révèle le précédent. Une étude des attitudes permet de révéler les désirs et les valeurs qui les sous-tendent. C'est le propre des méthodes d'analyse de contenu que de permettre de remonter aux niveaux antérieurs, plus profonds.

La théorie de l'émission
C'est une théorie implicite qui explique que les communications sont soit
Des verbalisations
Des conduites en actes
Ces expressions sont toujours à rapporter à l'émetteur.

Il s'agit donc de mettre à jour l'organisation du psychisme de celui qui parle, organisation qui peut se représenter sous forme de grille de codage et que l'analyse tente de restituer.

I Quelques exemples d'analyse de contenu

Analyse automatique des orientations du discours
Avec ces méthodes, il s'agit d'analyser de nombreux textes pour déceler les "tendances" ou dans les discours ou oeuvres de tel personnage ses orientations d'esprit et ses préoccupations.

Analyses fondées sur le repérage des attitudes
Une attitude est un état d'esprit ou une prédisposition générale psychologique envers quelque chose: cette prédisposition oriente dans un certain sens toutes les interactions avec l'objet en question. Exemple: "Ils ont une attitude de méfiance envers la direction." Concrètement cette prédisposition va se traduire par des attitudes corporelles et par des conduites définissant le "rôle" tenu par le sujet.
La grille de Bales est un outil destiné aux observateurs pour repérer les attitudes dans les communications de groupe.

Repérage des communications défensives
La communication peut être une stratégie complexe mise en oeuvre par un sujet pour préserver son être. L'individu va tenter des essais négociés avant la crise dans le but de sauvergarder ses intérêts psychologiques profonds et sa valeur sociale. Ces stratégies sont appelées "communications de défense sociales" ou "communications de défense transpersonnelles". Ce concept est dû à R. D. Laing, chef de file du courant de l'antipsychiqtrie des années 1960. "Par ces défenses", dit-il, le moi tente de diriger la vie intérieure de l'autre pour protéger la sienne. " On repèrera ainsi des formes spécifiques de communication pour se protéger comme la "communication mensongère de conformité", l'inhibition de la communication, le blocage ou les communications défensives de séduction, les communications défensives de mise à l'abri comme les excuses sociales, les communications défensives d'agression, etc.

L'analyse métaphorique psychanalytique
Ici, l'analyse recherche le contenu latent, dissimulé sous le contenu manifeste et masqué par lui. Elle s'appuie sur l'idée fondamentale que l'expression du sujet exprime les pulsions inconscientes refoulées. Les clés symboliques qu'utilise la psychanalyse sont assez connues. On se situe d'abord dans le domaine de la vie affective et sexuelle, on fait ensuite une réduction métaphorique des principaux éléments du récit traité. Exemple : l'hiver de la vie pour la vieillesse. D'où l'on peut conclure à l'endormissement des besoins sexuels.

Analyses mythographiques
Les tenants de ce type d'analyse se réfère à la théorie du psychisme de C. G. Jung. Il s'agit pour ces chercheurs de retrouver dans les productions expressives humaines les "traces vivantes des mythes dont les symboles et les archétypes reprennent l'essentiel du message." Exemple : l'eau pure, le feu purificateur, la mère nourricière, le voyage initiatique. Après avoir débusqués ces fragments, il faut faire un travail interprétatif, appelé travail herméneutique symbolique.

II Approche de psychologie sociale de Palo Alto

Le paradigme interactionniste-systémique de Palo Alto
C'est un ensemble de concepts liés entre eux par des principes de fonctionnement.

Le système des interactions
Pour Watzlawick, un système de communication est un ensemble d'interactions qui donne sens à une action qui s'insère en son sein. Une communication analysée seule n'a pas de sens.

Les règles d'échanges
Les jeux de comportement, si variés au début des premiers échanges vont se raréfier ainsi que les sujets dont ils peuvent discuter.

Le changement systémique
Pour l'école de Palo Alto, un sujet n'existe pas à cause des déterminations internes de son psychisme mais à travers le système d'interactions dans lequel il est inséré. Les modifications de ce système d'interactions peuvent modifier son être. Ce point de vue revisite la notion de changement et de non-changement. Pour réaliser un changement il ne s'agit plus d'agir sur une cause ou sur un acteur mais sur le système des interactions dans lequel une entité malade est insérée.

L'intervention thérapeutique
La conduite pathologique d'un acteur social n'étant pas le produit d'un déséquilibre interne de cet acteur, il convient d'explorer pour le thérapeuthe ce que fait le sujet pour surmonter ce qu'il vit comme une épreuve. D'où la grande idée, "la solution constitue le problème". En effet, le système en préconisant une pseudo solution génère le problème.

Le cadrage et le recadrage
Il faut inclure le contexte dans lequel le phénomène se produit. Il s'agit pour Watzlawick, de redéfinir la situation pour changer le sens des rapports entre les acteurs. Ainsi, "en se centrant sur le seul comportement d'un individu, on peut le déclarer malade, pathologique alors que ce comportement replacé dans le contexte des interactions avec les autres membres de son groupe n'apparaît plus comme pathologique mais adapté."

La construction des réalités secondaires
Watzlawick distingue deux niveaux de réalité. Celle du premier ordre est objective car issue de l'observation d'une action alors que l'analyse fournie pour comprendre l'action est du second ordre.

Si l'objet de l'étude de l'école de Palo Alto est le système des communications, cette étude n'a pas débouché sur une modélisation et par conséquent les règles méthodologiques qui permettent cette modélisatioin font défaut.

La métacommunication
Les auteurs de cette approche systémique considèrent que la communication est constituée d'un contenu et d'une relation, nature du lien qui unit les protagonistes. La métacommunication est "la communication sur la communication", il s'agit donc de la signification de l'échange. Ainsi quand je dis "Levez-vous, c'est un ordre ou Je plaisantais" en sont des exemples verbaux.

Pour aller plus loin :
http://www.wat.tv/video/ecole-palo-alto-methode-paradoxe-1jqqn_1iz4o_.html
WATZLAWICK P. Sur l'interaction, Paris, Seuil
WATZLAWICK P. Une logique de communication, Paris, Seuil
http://azariel-cineblog.blogspot.com/2009/05/analyse-filmique-2-chapitre-3.html ,compilation de notes de cours concernant le cinéma et plus particulièrement l'analyse des mythes

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